Article sur le projet "Mémoire du quartier" dans "De schakel"

Le projet " Mémoire de quartier" a commencé à se répandre et à prendre une place encourageante auprès des habitants et de certaines associations.

C'est désormais au tour des associations flamandes représentées par le centre communautaire néerlandophone de Saint-Josse-ten-Noode Ten Noey

" Gemeenschapcentrum Ten Noey", qui a consacré un article  sur notre projet « mémoire de quartier » dans leurs Magazine bimestriel  « De schakel » 

Vous trouverez ci-joint le lien vers l’article la page numéro 11 :

Download DE-SCHAKEL_nov-dec_2024_v3

Les artistes de l’ombre

Le 12 octobre 2024, l’exposition les artistes de l’ombre” a été inaugurée à l’église Saint Augustin de Forest.  Cette expo a pu mettre en avant les talents et le potentiel de personnes qui vivent la précarité pour casser avec les à priori négatifs, faire se rencontrer les gens. Une initiative de L’entraide de Saint-Gilles et ATD Quart Monde qui a rassemblé beaucoup de monde. Retour avec Gissela (Relai d’Action de Quartier à Saint. Gilles) sur le processus.

Comment le projet est-il né ?

À l’Entraide de Saint-Gilles, nous avions proposé de faire un atelier de peinture pour que les personnes puissent s’exprimer aussi de manière créative. Et là, un bénévole qui fait partie de la paroisse (Saint-Augustin) a vu ce qu’on faisait et a dit : « C’est intéressant, ça fait longtemps que je voulais faire une exposition, car il y a beaucoup de talents à l’Entraide. » Et donc, il nous a proposé de faire ça dans l’église Saint-Augustin à Forest et ça nous a motivés ! ATD Quart Monde a co-organisé ce projet avec nous (équipe de l’Entraide et paroisse).

Comment cela s’est-il passé concrètement ?

Depuis le mois de mai, on organisait tous les mardis matin un atelier où on mettait à disposition du matériel (pinceaux, crayons, bics…). Un peu de tout. Ça a été plus difficile pendant l’été, car il y avait moins de monde. L’exposition était prévue pour le 12 octobre et, en septembre, nous n’avions pas encore grand-chose. Donc, on se posait un peu des questions. Est-ce qu’on allait avoir suffisamment de contenu ? D’autant qu’une église, c’est grand. Il ne faut pas que ça fasse trop vide.

Il a fallu aussi relancer un peu les personnes, parce que ce n’est pas forcément évident, quand on vit la pauvreté, de participer aux ateliers. Certaines personnes avaient déjà du matériel chez eux (travail artistique passé) qu’ils ont bien voulu amener.

Qu’est-ce que cela a apporté aux personnes ?

Ce genre de projet permet aux personnes d’être moins isolées et de rencontrer du monde, d’être ensemble. Ça permet aussi de les visibiliser, alors que le reste du temps, on les invisibilise. C’était une des raisons pour lesquelles on voulait faire ça : montrer que ce ne sont pas juste des gens qui salissent la rue ou font tache dans la rue. C’est montrer que ce sont des personnes comme nous tous. Ils ont simplement vécu des événements qui ont fait que, malheureusement, ils se sont retrouvés dans des situations compliquées. Ils ont quelque chose à apporter à la société. C’est quelque chose qui m’a marqué : malgré leurs difficultés, ils sont quand même venus. Ils ont fait du mieux qu’ils pouvaient...

Il y a eu pas mal de retours positifs de la part des exposants. Ils étaient très contents. Ils ont rencontré beaucoup de gens. Ils ont pu expliquer aussi pourquoi ils ont fait ce genre de tableaux (ou autre). Ce que cela représentait. Il y a eu pas mal de monde qui est venu visiter l’expo, donc c’était très agréable. Les gens se sont intéressés à eux alors que, d’habitude, on passe dans la rue sans les regarder. Mais là, c’étaient eux les artistes mis en avant. Les personnes qui ont visité étaient aussi très positives. Certaines œuvres ont été vendues.

Il y a une personne qu’on ne voyait presque jamais qui, depuis, vient régulièrement à l’Entraide. Cela lui a permis de s’ouvrir un petit peu plus. Une autre personne veut absolument recommencer !

 MGL0016 Enhanced NR

 MGL0026 Enhanced NR

 

Les mercredis créatifs : Un atelier pour les familles à la Porte Verte Molenbeek

L’année commence sous le signe de la créativité à la Porte Verte avec le retour des mercredis créatifs. Un atelier destiné aux enfants de 5 à 10 ans et à leurs parents.

Ce rendez-vous, qui se tient deux fois par mois, offre un moment privilégié pour partager ensemble une activité ludique et enrichissante. Ce moment permet de favoriser le développement de la motricité fine chez les enfants, de stimuler leur imagination, et de renforcer les liens familiaux grâce à ces activités manuelles partagées.

L’atelier est ouvert à toutes les familles, sans prérequis. Il permet à chacun de découvrir l’art de manière ludique, tout en renforçant les liens sociaux au sein de la communauté locale. Ce moment de rencontre rassemble des familles d’horizons divers, créant un véritable tissu social autour de la créativité.

Les mercredis créatifs se déroulent de 13h30 à 16h00, avec un temps de rangement et d’évaluation en fin de séance. Un temps convivial pour tisser des liens, développer la créativité, et passer un bon moment en famille !

Khadija relais d’action de quartier (quartier gare de l’ouest).

Image5Image4

Atelier « Cuisine et Santé »

L'atelier Cuisine et Santé est un rendez-vous mensuel ouvert à tous, en particulier aux bénéficiaires des colis alimentaires de la Porte Verte et aux patients de la Maison Médicale la Passerelle. Il permet d'apprendre à préparer des recettes simples, accessibles et saines autour d’une thématique touchant à la santé tout en renforçant les liens sociaux.

L’atelier Cuisine et Santé est destiné à un public varié, il accueille hommes et femmes, bénéficiaires des colis alimentaires de la Porte Verte ainsi que les patients de la Maison Médicale la Passerelle. Ces sessions sont l'occasion de renforcer les liens sociaux en permettant aux participants de se rencontrer, d'échanger et de cuisiner ensemble, tout en apprenant des gestes simples pour améliorer leur quotidien alimentaire.

Au-delà des démonstrations culinaires, des discussions sont organisées pour explorer les bienfaits d'une alimentation diversifiée, adaptée aux besoins spécifiques de chacun.

Cet atelier est un véritable atout pour ceux qui souhaitent adopter une alimentation plus saine et de les intégrer dans leur quotidien pour prendre soin de leur santé de manière autonome tout en profitant d’un moment convivial et enrichissant. À travers ces ateliers, la communauté se rassemble, apprend et partage pour aller vers une meilleure santé.

Cet atelier Cuisine et Santé est organisé en collaboration avec les Relais d’Action de Quartier, La Porte Verte et la Maison Médicale La Passerelle.

Khadija relais d’action de quartier (quartier gare de l’Ouest).

 Image1Image2

« Il n’y a jamais personne qui fait ça »

« Il n’y a jamais personne qui fait ça » - Retour sur le projet d’été du quartier Querelle – Jonas Guyaux et Jean-Nicolas Kaltvenzeff

Cet été, un projet à vocation communautaire a vu le jour dans le quartier Querelle situé dans les Marolles. Il a principalement rassemblé de jeunes adultes (de 17 à 26 ans) et des femmes (d’une cinquantaine d’années et plus). Même si on ne peut pas dire que ces publics se soient véritablement mélangés, des échanges rares en temps normal ont pu avoir lieu. Les « au fait, ils sont gentils » des personnes âgées ou les « madame on ne vous oubliera pas » des jeunes laissent entrevoir une méthode de travail social qui crée des ponts entre différents publics et cassent les idées reçues de part et d’autre. Que cela donnerait-il si les politiques, à la place des réponses sécuritaires et violentes, investissaient massivement dans ce type d’initiative ? 

Le projet est né avec le “groupe logement” du quartier Querelle (un collectif d’habitant·es qui se mobilise pour le dédommagement des problèmes rencontrés dans leurs appartements). C’est là que Jean-Nicolas, Relais d’Action de Quartier dans les Marolles, a pu mieux connaitre la réalité du territoire. Lors des réunions, un sujet revenait régulièrement sur la table : le sentiment d’insécurité des habitant·es. 

« Ce sentiment d’insécurité chez les habitants je le ressentais lorsqu’on discutait du logement. À chaque fois, la question de l’insécurité était présente. Et nous on ne savait pas trop comment la saisir... »

Quelques temps plus tard, l’équipe de l’Entraide des Marolles décide, avec l’aval des habitant·es, de répondre à un appel et de construire un projet d’occupation de l’espace public. L'idée de venir tous les mercredis, jeudis et vendredis d’été sur la place au bas des immeubles prend forme. Quant à la méthode, elle correspond à celle du travail communautaire : les projets se construisent collectivement avec ceux et celles qui le souhaitent. 

« L’idée était de développer des dynamiques de vivre ensemble, d’amener des discussions et potentiellement, si les habitant·es étaient preneurs·euses, c’était aussi améliorer l’espace public. Par exemple construire du mobilier urbain ou des choses comme ça. Donc l’objectif c'était de créer un espace de rencontre entre les personnes pour créer du lien mais aussi, dans la vision du travail communautaire, pouvoir tirer des fils et créer des dynamiques à plus long terme avec les personnes motivées. »

Une dynamique se met alors en place. L’équipe des BRI-Co[1] de la FdSS vient soutenir le projet en amenant un renfort logistique et réflexif. Les “Ateliers du geste” organisent des chantiers menuiserie auxquels les jeunes participent afin de construire ou améliorer le mobilier urbain de la place. Les femmes présentes depuis le début du projet proposent de lancer une auberge espagnole tous les jeudis. Des barbecues prennent place et ramènent un nombre important de personnes du quartier. Toutes ces activités sont portées par les habitant·es.  

Dans ce contexte, des interactions entre des publics peu habitués à se côtoyer émergent et même si cela semble très timide les situations de rencontre laissent entrevoir les bénéfices de ce genre d’initiative.   

« Je pense que ça peut venir travailler le sentiment d'insécurité mais c’est très très lent. Ce qu’on a fait c’est une expérimentation qui a donné de beaux espoirs, il faut qu’on continue. Mais les femmes âgées et les jeunes ont partagé un espace proche... Je ne dis pas qu’ils se mélangeaient mais il y a eu des moments intéressants : une femme qui apporte des assiettes aux jeunes qui lui répondent : “Madame on ne vous oubliera pas, si vous avez des problèmes vous venez nous chercher”. Ou bien des femmes qui disent “Mais c’est chouette maintenant les jeunes on les connait, on les rencontre, on voit qui ils sont. Si on les croise le soir on saura qu’ils sont très gentils. Il y avait souvent cette phrase “au fait ils sont très gentils”. »

Ces “non-rencontres” quotidiennes racontent aussi la manière dont le politique a décidé de “gérer” les quartiers de logements sociaux : En créant peu de lieux et de possibilités de rassemblements dans l’espace public ; En apportant une réponse sécuritaire aux problèmes de l’insécurité ; En alimentant, de ce fait, des dynamiques de méfiances entre les habitant·es du quartier. Dans ce sens, construire du mobilier urbain et recréer des dynamiques collectives peut être vu comme un acte de résistance. 

« Ce que ça veut dire de notre société, c’est qu’on nous fragmente. On essaye de nous atomiser. Le mobilier urbain qui est mis en place actuellement est pensé pour ne pas être convivial, pour éviter les rassemblements. C’est un acte de résistance de dire, en fait, on veut être ensemble. Il y a plein de gens dans les immeubles, qui vivent au même étage, qui ne se connaissent pas. »

« On met toutes des personnes qui ont des conditions de vie difficiles ensemble (pauvreté, logement, stigmatisation...). Bien sûr qu’il va y avoir de l’insécurité. Et puis, tous les jours, il y a de la provocation policière. Ce sont des situations banales de quartier mais révoltantes... Les réponses politiques, ça n’est pas d’essayer de comprendre les situations (les raisons). On sait par quoi sont motivées les carrières déviantes ! Il faut arrêter de dire que les causes sont individuelles. Bien sûr la responsabilité individuelle existe mais les causes sont principalement structurelles. On ne veut pas voir la réalité en face. Moi je me demande vraiment ce que ça donnerait si les politiques valorisaient vraiment des réponses sociales. »

Pour la FdSS, il est essentiel que ce projet perdure. Le travail communautaire ne peut s’envisager que sur du long terme. D’autant plus avec des publics régulièrement stigmatisés, comme les jeunes du quartier Querelle. Il faut le temps de construire la confiance, de l’entretenir et de comprendre le fonctionnement du public en question.  Il faut aussi pouvoir se mouiller, agir concrètement quitte à s’affranchir de certaines barrières administratives ou légales. Que ça soit pour les barbecues ou le mobilier urbain, le choix pris a été de ne pas attendre d’avoir des autorisations mais d’agir...  

« Il y a une méfiance vis-à-vis des associations dans le quartier. “Qu’est-ce qu’ils font pour nous ?”. Dans le projet de cet été, ce qu’ils aimaient bien et qu’ils disaient c’est “là tu fais quelque chose pour nous ! Il y a un barbecue gratuit pour tout le quartier. Il n'y a jamais personne qui fait ça. »

« Il y a ça mais aussi la question du temps. Là on a pris deux mois essentiellement pour pouvoir rencontrer les gens. Certaines associations viennent pour faire une animation d’une après-midi. Comment peuvent-elles la faire correctement si elles ne connaissent pas les gens ? Et qu’est-ce que ça va apporter aux habitant·es ? »

Pour la suite, certains jeunes ont manifesté l’envie de continuer à s’investir dans le quartier via le projet de mobilier urbain ou l’organisation d’un camp... Mais l’idée serait aussi de faire le lien avec ce qui se passe déjà dans les Marolles pour qu’ils puissent intégrer des dynamiques existantes (par exemple la construction d’un local pour les jeunes). Le projet est à suivre mais il est déjà intéressant de noter l’intérêt de cette méthode de travail social qui s’appuie, en partie, sur une démarche anthropologique : immersion longue, compréhension et connaissance des publics visés, projets construits à partir des personnes concernées...    

 

[1] Bureaux de Recherches et d’Investigations sur les COmmuns