L’art de vivre son quartier à Bruxelles – Thomas Vanwynsberghe et Céline Houtain
Dans notre travail de Relais d’Action de Quartier nous parcourons les quartiers de Bruxelles et nous prenons le temps d’observer les manières de les habiter. Nous échangeons avec des personnes venant des différents coins du monde vivant en Belgique depuis quelques semaines, quelques mois, quelques années, une ou plusieurs générations. Dans cette mosaïque culturelle, chaque personne, chaque coutume, contribue à forger une identité propre aux quartiers, célébrant la diversité et une histoire unique.
Mais sommes-nous vraiment libres, aujourd’hui à Bruxelles, d’habiter son quartier ?
Les habitant·e·s ont parfois le sentiment d’être dépossédé.e.s de leurs quartiers, quand par exemple des expert·e·s viennent leur expliquer ce qui est bon et nécessaire pour eux·elles. Ceci alors que bien souvent, les besoins de base ne leur sont pas accessibles : accès à des commerces de proximité, accès à des espaces culturels ou de sport, accès à un cabinet médical, à un agent de police de proximité ou simplement à l’administration de sa commune.
Or, le quartier dans lequel on vit a un impact direct sur ce que nous sommes. Tant que les besoins fondamentaux ne sont pas assurés, il n’y aura pas de place pour d’autres choses. Parfois, les habitant·e·s témoignent du sentiment d’être parqué·e·s dans leurs logements et de ne jamais être sollicité·e·s sur les questions d’aménagement du territoire ou de la stigmatisation qu’ils et elles subissent. Pourtant, comme un logement, un quartier s’use s’il n’est pas habité.
Un quartier est toujours en mutation, un quartier urbain n’est jamais terminé, et participer à la vie démocratique locale est l’un des meilleurs chemins pour prendre soin de nos quartiers. C’est collectivement que nous pourrons garantir la robustesse de nos lieux de vie. Qui sont les personnes qui connaissent le mieux les besoins du quartier que les habitant·e·s eux·elles même ? Les habitant·e·s et itinérant·e·s bruxellois·e·s cultivent dans les quartiers un art singulier, celui d’aimer et de rêver, de souffrir et de mourir qui peut, pour peu qu’on le prenne en compte, donner au quartier sa forme, sa couleur, sa texture.
Nous soutenons cet art de vivre et l’accompagnons, dans sa délicate complexité, à travers les grands moments de nos vies : les naissances, les mariages, les déménagements, le choix des études, les décès, mais aussi dans ceux du quartier : moments de partage, lieux de rencontre, espaces de co-construction, de résistance, de vivre ensemble … Habiter un quartier est un art et nous sommes, toutes et tous, les artistes de nos vies de quartiers. Faisons-le avec art et solidarité ! Ce qui est beau, c’est ce qui est à défendre dans les quartiers.
Dans ce troisième numéro du journal des Relais d’Action de Quartier nous aborderons la question du lien entre les générations, celle de la place de chacun∙e dans l’espace public, de la lutte que représente pour certain∙e·s l’accès à la santé, et les absurdités administratives rencontrées par d’autres. Quelques facettes de ce que notre métier nous donne à rencontrer.