« Village Solidaire » à Flagey

Une douche ; une lessive ; un repas chaud ; un café ; des personnes avec qui discuter. Ces choses qui pour certain·e·s sont des évidences quotidiennes le sont nettement moins pour des nombreu·se·s habitant·e·s de Bruxelles (et d’ailleurs) vivants dans la grande précarité.

À Ixelles, tous les lundi après-midi une série d’acteur·ices de la commune s’installent pour former le « village solidaire », un lieu convivial où les gens peuvent accéder à différents services essentiels. Rencontre avec Armine et Juliette, « Relais d’Action de Quartier », qui participent au projet.

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En trois-quatre mots, comment résumeriez-vous le projet ?

Armine & Juliette : Tout d’abord, c’est « aller vers » car on ne reste pas dans un bureau, on va vers les personnes là où elles sont. Deuxièmement, le mot « village » parce que c'est comme ça qu'on l’appelle. C’est le village de la solidarité qui réunit « Bulles », « Rolling douche », « Bouche à oreille », « La Maison du Livre » et puis nous, les RAQ. Il y a aussi le mot « relai » dans le sens où nous on vient et selon les demandes, on peut relayer vers les services et personnes compétentes. Enfin, peut-être le double mot « écoute – lien ». L’écoute, c’est beaucoup ! Parfois, on n’a pas forcément de demandes sociales. En fait, on est là et on discute avec les gens.

Quels sont les profils des personnes qui viennent ?

A & J : Majoritairement des personnes sans-abris mais pas que... Il y a aussi des personnes isolées et/ou à faibles revenus, des gens qui viennent pour prendre leur douche ou faire leur lessive (ce sont surtout les sans-abris), d’autres pour manger ou encore juste pour discuter. Certaines personnes sont isolées et ont besoin de contacts. On a des personnes âgées qui se déplacent, qui viennent jusque-là juste pour la convivialité comme elles le disent.

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Qu’est-ce qui vous marque ou vous a marqué ?

Armine : En ce qui me concerne, je savais qu'il y avait des sans-abris sur Ixelles et à la place Flagey mais parfois on ne les voit pas… Mais ici, ils se réunissent tous·tes au même moment et au même endroit. Pour moi, c'était marquant. Il y en a beaucoup…

Juliette : Moi c’est le constat qu’il n’y a pas vraiment de dispositif pour les sans-abris sur Ixelles. Il n’y a pas d’accueil de jour permanent. Là, il va y a voir un accueil de jour mais c’est dans la logique « hivernale ». C’est comme si ça n’existait pas à Ixelles. On dirait que l’idée c’est un peu de les faire se déplacer ailleurs pour qu’on les accueille dans d’autres communes. Personnellement, je pense que c’est important que ce dispositif existe et que ces différentes ASBL convergent mais, encore une fois, c’est une démarche sparadrap pour tenter de résorber des problèmes structurels. Je suis parfois à me demander ce qu’on fait mais en même temps je pense que c’est important qu’on soit là. C’est quelque chose qui me travaille et une éternelle question du travail social : est-ce que tu es là pour colmater des choses qui te dépassent complètement et qui peuvent parfois contenir, justement, des mouvements de révoltes plus profonds ?

Qu’est-ce que vous avez appris via ce projet ?

A : Le sans abrisme c’est quelque chose que j’ai appris théoriquement pendant mes études mais je n’avais jamais travaillé pratiquement avec ces personnes. Dans le cadre du village solidaire je suis vraiment entré en lien avec elles et eux. C’est une culture. Moi, personnellement, j’apprends et je continue à apprendre beaucoup parce que c’est un public qui a ses spécificités. Il faut être super patient. Tout au début je me rappelle de cas où j’allais vers les gens directement mais il y en a qui n’aiment pas ça. Il vaut mieux attendre qu’ils viennent vers toi. Ils ne nous connaissaient pas et il faut les laisser nous connaitre petit à petit. S’ils ont une demande ils vont venir vers toi. Maintenant les gens que je ne connais pas j’attends qu’ils viennent vers moi. Même si je connais. Je montre que je suis là et que je suis disponible pour qu’ils n’hésitent pas. Ce n’est pas comme quand tu es assistante sociale dans un bureau et que tu reçois des personnes. C’est complètement différent.

Que voulez-vous ajouter ?

A : Personnellement, je suis très contente de ce projet. On ne l’a pas pensé et réfléchi tellement en amont. Ça s’est mis spontanément en rencontrant des acteurs de la commune et les personnes. Quand on sort, on peut mieux sentir les besoins. Pour moi c’est ça un bon projet. On va continuer en 2024. Sinon avec Juliette, ça se passe super bien ! On est très différentes, dans nos caractères et nos formations mais on se rejoint et c’est complémentaire. Au village, il y a certaines personnes avec qui Juliette a plus facile de communiquer que moi mais il y en a aussi qui viennent vers moi plus facilement. Moi, personnellement, je sais que je peux compter sur elle.

Témoignages : Juliette Mekhitarian et Armine Tovmasyan

Propos recueillis par Jonas Guyaux

Atelier de quartier BRI-Co à Saint-Josse

 

C’est au bas des tours HBM à Saint-Josse que s’est installé un BRI-Co (Bureau de Recherche et d’Investigation sur les Communs). A cette occasion, les habitant·e·s étaient invité·e·s à venir partager un thé, un café ou un repas chaud pour discuter de la « mémoire du quartier ». La participation fut importante et les échanges riches ! Retour de Zine El Barouta (RAQ), sur cet événement marquant.

« J’habite ici depuis 40 ans et je vois que mon quartier s’est dégradé… J’aimerais lui rendre hommage ». Ces mots ont été prononcés par une habitante du quartier aux travailleur·euses du Projet de Cohésion Sociale Botanique. En organisant différents événements, les acteur·ice·s du quartier ont voulu soutenir cette demande, qui émane également d’autres habitant·e·s. L’idée étant de recueillir et valoriser les récits des Tenoodois sur leurs lieux de vie en encourageant la participation des habitant·e·s à la démarche.

C’est dans ce contexte qu’un atelier de quartier utilisant le dispositif BRI-Co a été proposé. Ce furent 3 jours merveilleux de rencontre autour d’un bon repas ou d’une tasse de café. J’ai été honoré d’écouter tous ces récits de vies. Recueillir des témoignages avec les habitant·e·s, c’est engager une conversation pour creuser le beau passé du quartier et ses aspects positifs sans directement le renvoyer aux problèmes dont il souffre.

Voici quelques personnes que j’ai pu rencontrer :

Un jeune couple belgo marocain, un informaticien et une maman de foyer tenaient à nous rendre visite pour cet évènement car ils habitent à 5 mètres de la place. Le mari nous a parlé de son passé dans le quartier lorsqu’il fréquentait diverses associations locales : le clou, le caveau, inser’action… Il m’a dit : « Parfois j’hésite à quitter le quartier mais les relations que j’ai nouées avec le voisinage et la présence d’un grand nombre d’infrastructures : associations, magasins, parcs, installations m’incitent à rester ».

M. Freddy (70 ans), actif dans un festival de films, vit à SJTN depuis 60 ans et connait bien tous les acteurs formels et informels, ainsi que l’évolution qui s’est produite dans la commune. Il reste toujours un militant communautaire et ne se lasse pas de sensibiliser la population dans tous les domaines. M. Freddy n’a jamais cessé de vanter les aspects positifs du quartier : « STTN est cosmopolite », « SJTN à l’esprit communautaire », « SJTN a passé plein de barrières », « On doit s’intéresser pleinement à la culture, l’enseignement, les jeunes », « On doit dénoncer la spéculation foncière », « Je ne comprends pas pourquoi les habitants fuient la commune alors qu’il y a tant des maisons à l’abandon ». M. Freddy est tellement nostalgique du passé qu’il considère qu’il y a quelques décennies, SJTN était la capitale du cinéma en raison de la présence d’un très grand nombre de salles (entre 7 et 8) ainsi que des distributeurs, labos pellicule, vendeurs des projecteurs….

Madame Fatima (la soixantaine), qui a lancé l’idée du projet « hommage », vit depuis une cinquantaine d’année dans le même quartier. Après la première vague de l’immigration fin des années 50 (où l’on a fait venir de la main d’œuvre du Maroc), elle et sa famille sont arrivées alors qu’elle n’avait pas plus de 6 ans. Comme tous les autres enfants, elle a été scolarisée jusqu’ à ce qui elle devienne une jeune femme et entre sur le marché d’emploi. Elle a travaillé comme vendeuse retoucheuse (lingerie)… Elle est étroitement liée au quartier mais elle regrette malheureusement l’état actuel du quartier, qu’elle considère comme étant dans un état misérable. « Quand je parle avec un cœur serré et crispé de choses négatives, j’en parle avec passion parce que j’aime cette commune et je veux restaurer son respect ». « Malgré ma frustration et ma déception que ce soit pour le travail associatif ou institutionnel, ou encore le bénévolat, je garde ici de merveilleux souvenirs et je termine avec mon slogan rituel : respectez ce quartier, comme vous respectez chez vous ».

A l’issue de ces trois jours, on a pu sentir que la solidarité est véritablement une valeur forte du quartier, qu’il y a des lieux emblématiques et des associations qui forgent une identité solide dans la diversité des cultures et des talents d’hier et d’aujourd’hui. La suite sera probablement riche en émotions puisqu’on envisage d’organiser un atelier d’expression artistique pour témoigner de cette mémoire commune.

Zine El Barouta

Un atelier manuel créatif développé par une RAQ

Avec la pandémie de coronavirus et les mesures prises, les liens sociaux ont été rompus.  

Cela a considérablement accru les sentiments de non-appartenance et d’isolement parmi notre public et particulièrement chez les jeunes. Leur santé mentale s’en trouve gravement affectée, et de nombreuses études démontrent que ces problèmes persistent au-delà de la pandémie. 

En réponse à ces problématiques, une dynamique spécifique s’est instaurée autour d’ateliers créatifs manuels. 

L’objectif de ces ateliers créatifs est de renforcer les liens sociaux, de briser l’isolement social, de profiter d’un moment de détente et d’offrir un espace aux jeunes pour s’exprimer à travers leur créativité. 

Jeune  mélangeant de la collePlusieurs ateliers ont été mis en place au sein de l’ASBL Cedas, un mercredi sur deux. À savoir : 

  • Un atelier-résine (lors de cet atelier, les jeunes ont pu réaliser chacun leur marque-page et le personnaliser à leur goût).
  • Atelier calligraphie (chaque jeune a été amené à rédiger son prénom en calligraphie arabe sur un cadre avec de la peinture, ils ont ensuite customisé leur cadre) 
  • Atelier Jesmonite (chaque jeune ont pu réaliser une forme selon les moules)
  • Atelier peinture 
  • Atelier expérience scientifique (plusieurs petites expériences ont été réalisées avec des matériaux dont nous disposons tous à la maison, cela afin qu’ils puissent les reproduire chez eux)

  

À travers ces différents ateliers, nous avons pu créer une certaine relation de confiance et cohésion avec les jeunes.  

"Rendre la culture accessible : une lutte en réseau !", une RAQ raconte

Depuis 2022, le Centre de Service Social de Bruxelles Sud-Est (CSSBSE), a rejoint le clan des partenaires sociaux (308 au total !) d’Article 27. Cette ASBL bruxelloise, née en 1999, se donne pour objectif de sensibiliser à la participation culturelle et d’en faciliter l’accès pour toute personne vivant une situation économique et/ou sociale difficile.

Se basant sur l’Article 27 de la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme qui stipule que :

« Toute personne a le droit de prendre part librement à la vie culturelle de la communauté, de jouir des arts et de participer au progrès scientifique et aux bienfaits qui en résultent », l’ASBL a pour but de garantir un accès à l’offre culturelle pour toutes et tous via un ticket permettant d’aller aux spectacles, films, expositions, concerts,… pour 1,25€. Il s’agit, pour Article 27, d’agir au quotidien et de changer les regards pour que le droit de manger à sa faim, le droit à un logement décent, le droit à l’enseignement, le droit aux soins de santé, … ne s’opposent plus avec le droit de nourrir ses sens et son esprit.

(©site Internet d’Article 27)

Pour ce faire, l’ASBL endosse le rôle de médiateur culturel en lien avec son réseau de partenaires composé de 308 organisations sociales luttant contre les exclusions, des personnes qui les fréquentent, des artistes et de 217 organisations culturelles.

L’année dernière, un constat fut posé par mes collègues du CSSBSE : malgré la proposition et la distribution des tickets, d’autres obstacles pouvaient parfois freiner les personnes à les utiliser : la méconnaissance des partenaires culturels où elles pouvaient les utiliser ou simplement ne pas avoir envie d’y aller seul(e).

C’est en partant de cette constatation que ma collègue Eloïse m’a proposé que l’on mette en place des sorties culturelles invitant chaque mois à aller voir une pièce de théâtre, un film au cinéma ou une exposition au musée. L’objectif étant d’offrir aux personnes désireuses d’une petite évasion culturelle des idées d’activités, de lieux à découvrir et un groupe avec qui les partager :

Ainsi naquit le groupe culturel du CSSBSE !

A court terme, le but est d’amener les personnes à échanger sur leurs découvertes culturelles et de partager avec nous sur leurs envies et leurs préférences pour les visites.  A long terme, le but serait d’amener le groupe à être autonome dans ses sorties.

Cela va faire un an qu’a eu lieu notre première sortie et à ce jour, nous en avons réalisé dix :

Date de l’activité

Lieu

 

19 mai 2022

Planétarium

Dans le cadre des Nocturnes Film « Explore » + danse contemporaine

23 juin 2022

Théâtre de la Parole

Récit conté et chanté « Celles qui veillent »

15 juillet 2022

Galerie Horta

Exposition « Frida Kahlo »

13 octobre 2022

Théâtre de Poche

Pièce « Je ne haïrai pas »

10 novembre 2022

Palais de Justice

Visite guidée avec l’asbl Arkadia

12 décembre 2022

Cinéma Vendôme

Film « Simone »

19 janvier 2023

 

Théâtre National

Spectacle de danse « Simple »

15 février 2023

 

Le Senghor

Pièce « Ainsi chantait l’olivier »

17 mars 2023

 

Cinéma Vendôme

Film « Women Talking »

27 avril 2023

 

Théâtre de la Toison d’Or

Pièce « Sex and Jealousy »

 

 

 

 

 

Une Relais d'Action de Quartier au sein du projet « Aider, être aidé.es et s’entraider »

Un projet CLSS (Contrats Locaux Social Santé) à l’asbl Les Pissenlits, association de démarche communautaire en promotion de la santé, partenaire hébergeuse d'une de nos RAQ à Cureghem.

 

Ce projet a été pensé collaborativement par la Relais d’Action de Quartier (RAQ) Anaïs Legrand et ses collègues des Pissenlits en réponse à un appel à projet du CPAS d’Anderlecht.

La personne en charge du projet CLSS est Guillaume Ridelle, accompagné de Saida Zaitouni chargée de la mixité inclusive (personnes sourdes et arabophones)

Ce projet contribue à la diminution des inégalités sociales de santé et à une amélioration du bien-être de la population locale en :

-             Favorisant l'accès et la visibilité aux services sociaux et sanitaires existants.

-             Visant la réorientation individuelle par l’action communautaire via un réseau d’entraide.

 

Il s’adresse à toute personne habitant, ou passant à Cureghem, ayant besoin d’être soutenu quant à de possibles difficultés psychosociales, administratives, de logement, de la nécessité d’acquérir une carte médicale d’urgence, etc. Toute personne peut rejoindre le réseau et toute personne ayant rencontré de telles difficultés peut apporter son expérience pour accompagner et contribuer à ce réseau d’entraide.

 

Pour cela ont été mis en place :

  • Un travail de prospection et de rencontres auprès des partenaires locaux pour connaitre et se faire connaitre ;
  • Une permanence sociale-santé avec un accueil de bas seuil visant la réorientation, permanence en français, en néerlandais, en langue des signes francophone pour les personnes sourdes et en arabe. E
  • Une mise en lien de la permanence avec l’espace communautaire « Les Pissenlits, c’est chez vous !», lors de laquelle les personnes qui le souhaitent peuvent se réunir aux Pissenlits, pour profiter de l’infrastructure, du matériel créatif et de couture, de la biblio-vidéothèque ;
  • Des rencontres collectives mensuelles entre citoyen.nes, en vue de constituer et/ou soutenir le déploiement et l’avancée d’un réseau d’entraide, sur base des besoins et demandes des membres. Ceci se fait dans un cadre méthodologique et déontologique pensé avec les membres du réseau.

 

Dans ce contexte, la RAQ, apporte son expertise de la démarche communautaire en santé et co-construit avec ses collègues engagé·es dans le cadre de ce projet, le réseau d’entraide. Plus concrètement, elle réfléchit, participe et co-anime les rencontres avec le groupe du réseau d’entraide.

Ce projet s’inscrit dans un projet institutionnel global et s’articule avec le programme en promotion de la santé.

 

Heures de la permanence et/ou espace communautaire (couture, accès à la vidéothèque, etc.) : lundis (9 h – 12h) et les jeudis (14h-16h) avec ou sans rdv

Horaires des réunions réseau jusque juin : 18/4 de 13h30 à 15h30 ; 26/05 de 9h30 à 11h30 ; le 23/06 de 9h30 à 11h30 (un temps d’accueil est prévu à 9h ou 13h autour d’un café/thé)

 

Toute personne ayant besoin de soutien, voulant rencontrer d’autres personnes du quartier, ou encore souhaitant s’impliquer dans un réseau d’entraide est la bienvenue. Nous sommes toujours en recherche de nouvelles personnes pour s’impliquer, pour partager et accompagner des personnes dans le besoin. N’hésitez pas à nous contacter et à parler de ce projet autour de vous.

 

Pour toute info : n’hésitez pas à nous contacter au 0470/32.22.24 ou par mail : Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser.